• Deux oeuvres ont exercé sur moi une fascination toute particulière dès l'adolescence: "La machine à explorer le temps" de H G Wells et "La jetée", film réalisé au début des années 60 par Chris Marker, et consistant en une série de diapositives fixes (et qui a été adapté récemment à Hollywood dans "L'armée des 12 singes") ; les deux portent sur le voyage dans le temps.

    http://www.lesiteducinephile.net/autopsie/la_jetee.htm

    http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Jet%C3%A9e

    http://www.devildead.com/jetee/jetee.php

    http://www.arte.tv/fr/cinema-fiction/Court-circuit/Mercredi/01_20juin/808770.html

    "Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance" : ainsi commence le film (ou plutôt "photo-roman") de Chris Marker, et tel pourrait être le motif de la fascination qu'exerce, contre tout esprit logique, le voyage temporel, qui permet, autre citation (approximative) du film , de "naitre une seconde fois dans un corps adulte".

    Une autre explication de cette fascination, et concernant plus particulièrement le voyage vers le passé, résiderait dans le fait qu'il permet de revoir (ressusciter ?) les morts, que ceux ci soient seulement importants pour celui qui entreprend le voyage (des êtres aimés disparus) ou bien dans une perspective historique (Hitler, Mahomet, Jésus....).

    "Qu'est ce que le Temps ? un mystère !" note Thomas Mann au début de la seconde partie de "La montagne magique" ; et d'ailleurs tout ce roman peut s'envisager comme une longue méditation sur le Temps, une sorte de "séduction de la mort et de la maladie" obligeant le héros du livre, Hans Castorp , à renoncer à mener la vie bourgeoise d'ingénieur à laquelle son éducation l'avait préparé et à mener pendant 7 ans une vie d'oisiveté parmi les pensionnaires d'un sanatorium de haute montagne à Davos (ville qui on le sait a été reconquise par les magnats de la haute finance et de la mondialisation). Mann qualifie son oeuvre d'hermétique justement parce qu'elle porte sur le Temps, dimension hermétique par excellence.

    Aristote quant à lui disait du temps qu'il est difficilement intelligible ("molis kai amudrôs")... et lors de ce qui est notre "maintenant", Lee Smolin, que certains qualifient de "nouvel Einstein" , fixe comme tâche à la nouvelle physique de renouer avec les ambitions philosophiques qui étaient encore celles d'Einstein et des fondateurs de la mécanique quantique (comme Heisenberg), et de réfléchir sur la nature du Temps (qui est selon lui, comme selon Bergson, au delà de la simple représentation mathématique comme une ligne continue, dont le défaut est de "geler" ce qui constitue l'intimité temporelle même, celle d'une réalité "en train de se faire").

    Bien entendu, la plupart des gens qui ont réfléchi là dessus rejettent la possibilité physique de tels "voyages", en particulier vers le passé : des paradoxes apparaissent aussitôt, parmi lesquels le plus connu (mais pas le plus fort) est celui de la possibilité de tuer son propre grand père, ou père (plus souvent cités que la mère...bizarre bizarre). Les amateurs de science fiction connaissent bien toutes les parades qui ont été imaginée, ainsi par exemple celle des "mondes multiples" d'Everett ou du "multivers" de Deutsch. Une autre objection bien connue est celel ci : si le voyage temporel était possible, alors il aurait été réalisé à un moment du Temps, et donc nous devrions voir apparaitre à tout bout de champ des "explorateurs du temps" venus du futur. Là encore des parades ont été trouvées, par exemple celle selon laquelle de tels voyages nécessiteraient une quantité énorme d'énergie, et donc devraient être limités en termes de longueur du voyage en durée temporelle) ou de masse "transportée".

    On sait que Feuerbach interprétait le christianisme selon un schéma "non ontologique" : les épisodes relatés dans les Evangiles ne décriraient  pas des péripéties "réellement arivées", mais tout simplement les désirs fondamentaux de l'humanité. On pourrait envisager les études sur le thème du "voyage temporel" à un tel niveau (minimaliste).

    Un autre niveau doit être cependant abordé, même s'il est loin du niveau de la "réalité physique d'un tel voyage" : c'est celui des études de physique (spéculative et mathématique), très sérieuses, qui sont de plus en plus nombreuses dans ce domaine.

    Dix ans après le livre de H G Welles, la théorie de la relativité restreinte d'Einstein (en 1905) venait creuser une brèche profonde dans la conception newtonnienne d'un Temps absolu. dix ans plus tard encore, soit en 1915, venait la relativité générale, dont certains modèles semblent permettre un voyage temporel, et un voyage d'une nature tout à fait particulière liée aux CTC ("closed timelike curves").

    Il s'agit des courbes spatio-temporelles décrites par un corps (une machine ?) ne dépassant jamais la vitesse de la lumière ("timelike") et fermées, ce qui veut dire qu'il revient sur lui même "en boucle" dans l'espace temps ... "quelqu'un" qui serait dans un tel vaisseau ne verrait aucun phénomène anormal, l'écoulement des pendules serait toujours orienté normalement, vers le futur, la vitesse serait de celles permises par la physique (inférieure à la vitesse de la lumière) mais à un moment il rejoindrait un point où il serait déjà passé , la courbe spatio-temporelle se coupant elle même : en gros, il reviendrait donc quelque part dans le passé sans jamais cesser d'aller vers le futur... en 1949 Gödel a montré que de tels modèles existent en résolvant les équations de champ d'Einstein dans des conditions particulières.

    Une autre avancée théorique est celle des "trous de vers"  ("wormholes") et autres trous noirs de Kerr, où là encore la relativité générale (jamais encore remise en question, puisque ses prédictions ont toujours été vérifiées jusqu'ici) montre qu'il existe une possibilité de relier un point dde l'espace temps à un autre de manière "exotique"...

    bien entendu on reste là dans le domaine spéculatif : par exemple Tipler a montré qu'un cylindre de longueur infinie, tournant sur lui même à une vitesse environ de la moitié de celel de la lumière, permettrait d'effectuer des chemins "closed timelike" (donc retour dans le passé) à la manière prédite par Gödel. Mais on ne peut construire aucun cylindre infini : d'après Tipler rien ne permet de conclure que cela ne marcherait pas avec un cylindre fini : mais rien ne permet de démontrer l'inverse non plus.

    Quoiqu'il en soit les travaux  de ce genre sont importants, même s'ils restent et resteront spéculatifs, car ils font avancer la réflexion sur la nature du temps, ce qui est un des réquisits de Smolin pour sortir la physique de son enlisement actuel (plus aucune avancée théorique depuis les années 80 et la dernière grande réussite, celle du modèle standard, la théorie des cordes ayant selon Smolin échoué). On doit d'ailleurs signaler que dans ces recherches la physique quantique et relativiste, celle des trous noirs notamment, et lla science du cerveau et de l'esprit (mind) se donnent la main, correspondant d'ailleurs aux deux ordres de réalité différents qui interviennnent dans les deux oeuvres citées au début : dans "La machine à explorer le temps" c'est bien un "vaisseau" construit par un physicien qui permet le "voyage" ; dans "La jetée" ce sont des piqures qui modifient le fonctionnement de l'esprit, aucune machine.

    Je termine en donnant deux références sérieuses (il y en a bien d'autres) où ces deux types de recherches sont documentés, et où de surcroît la théorie des catégories est mise en avant comme instrument de formalisation adéquat :

    http://ttjohn.blogspot.com/

    http://tech.groups.yahoo.com/group/ttj/

    ainsi que :   http://plato.stanford.edu/entries/time-travel-phys/

    et pour ceux qui aiment à rire un peu, suivre les aventures de John Titor, le premier cybernaute revenu du futur (2036) en 2001, pour annoncer la guerre, la destruction de l'Amérique (en 2015), avec vente de tee shirts à la clef :

    http://www.timetravelinstitute.com/


     


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     http://fr.wikipedia.org/wiki/Alejandro_Jodorowsky

    "La montagne sacrée" d'Alejandro Jodorowsky est un film foisonnant, fascinant et aux sens multiples... je ne désire (ni ne serais capable) pas en faire le tour ici, mais voudrais simplement commenter un dialogue au cours duquel il est fait allusion à un personnage (symbolique et ésotérique bien sûr, comme tout dans le film) qui est "capable de tout traverser, mais limité à un plan horizontal". (J'ai vu le film il y a longtemps, je ne suis pas certain de l'exactitude terme à terme, mais l'essentiel doit y être).

    Je subodore qu'il entend ici désigner la mathématique, voire la mathesis universalis, et cela ne ma plait pas du tout...certains édicteraient des fatwas pour moins que ça ....

    le plan horizontal, pour quelqu'un d'aussi fasciné par l'ésotérisme que Jodorowski, cela fait référence au "mondain" (loka), au plan du samsara, de l'agitation mondaine sans trêve par opposition au "supra-mondain", à l'hsitoire par opposition à ce qui transcende l'histoire.... mais n'est ce pas un axiome de l'hermétisme que "ce qui est en haut est comme ce qui est en bas" ?

    Un glyphe de ceci pourrait résider dans la croix, avec l'axe  vertical (l'éternité) qui vient croiser l'axe horizontal du temporel, le point d'intersection étant d'après Lavelle l'instant, qui est aussi la "porte étroite" dont parle l'Evangile...

    quoiqu'il en soit, un (grand) philosophe comme Carnap serait d'accord avec cette conception de la science comme limitée au plan "horizontal"  des structures, des rapports (des morphismes dans des catégories) .... mis à part qu'il nierait qu'il existe un plan vertical (qu'il nommerait métaphysique, et qui tomberait sous sa critique implacable des "creux concepts métaphysiques" à la Heidegger)...ou encore, comme disait Hamlet : "Word ! Word ! Words !"

    cela dit, Jodorowski ne dit pas autre chose  : le "vertical" est ineffable, il est l"élément mystique de Wittgenstein... "ce dont on ne peut parler, il faut le taire" (mais il "se montre").

    Un certain maitre de Zen, quand les moines lui demandaient de leur révéler la sagesse ultime de la "nature-de-Bouddha", se contenta de montrer une fleur... un autre garda le silence complet.. un autre ouvrit les bras.

    "La montagne sacrée" est un film salutaire en ce qu'il démystifie le bric à brac "ésotériste" du mystère, de ce qui est "forcément inaccessible", "tout en haut sur la montagne" (voir aussi "Le mont analogue" de Daumal dans cet ordre d'idées) : à la fin du film, les "cherchants" découvrent qu'il n'y a rien sous les silhouettes des "Immortels" attablés sur la montagne, et qui étaient censés leur révéler les mystères ultimes.

    Ils sont renvoyés à eux mêmes, à l'intériorité, à la seule recherche qui vaille : celle de leur propre "visage originel".

    Ce n'est pas autre chose que le but que nous nous fixons ici, sur "Mathesis universalsi" : la différence étant que pour nous il n'y a pas d'ineffable, et que nous ne voulons aucunement tenter de "cesser de conceptualiser" pour accéder à une transcendance ineffable, une "transcendance de l'intérieur" selon le beau terme d'un philosophe contemporain.

    Dans le registre de la montagne mystique, il y a aussi la "Montagne magique" de Thomas Mann, ce grand roman initiatique de l'homme occidental. Le personnnage de Hans Castorp, écartelé entre l'humaniste Settembrini, l'homme du "placet experiri" et des Lumières (soit l'empirisme sceptique) et le ténébreux jésuite Naphta (soit le dogmatisme) pourrait bien être très proche de  nous autres, et aussi du personnage  de Jodorowski qui symbolise l'homme en recherche, le "fou" (ou le "Mat") du Tarot...


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  • L'émission proposée par Arte le 28 août : "Ces musulmans qui disent non à l'islamisme" était intéressante  seulement  grâce au premier film sur l'engagement de Mohamed Sifaoui. Le second film de la soirée, sur "Le Prophète et les femems" était par contre sans aucun intérêt, se bornant à ressasser les vieux clichés conformistes et "islamiquement corrects" sur "Mahomet le grand ami des femmes"...cet homme qui a défloré son épouse Aicha alors qu'elle avait 9 ans et lui 54 ! qui a tué l'un de ses compagnons pour lui voler sa femme, et qui a décrété que la femme adultère devait être tuée !

    Mohamed Sifaoui est un  journaliste algérien, réfugié politique en France depuis quelques années, est à coup sûr un homme admirable de courage et de ténacité. Il paye très cher son engagement contre l'islamisme, puisqu'il doit se déplacer en permanence entouré de deux policiers, et que sa famille doit vivre dans la clandestinité.

    quelques liens à son sujet :

    http://www.prochoix.org/cgi/blog/2004/12/05/36-tentatives-pour-censurer-le-documentaire-denvoye-special-realise-par-mohamed-sifaoui-sur-tariq-ramadan

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Mohamed_Sifaoui

    http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Forum/Livre-SifaouiFreresAssassins.html

    et surtout son blog:

    http://www.mohamed-sifaoui.com/article-6826751.html

    sur lequel on apprend par exemple que Christine Boutin, ministre de Sarkozy, a déclaré publiquement, sans rire et à jeun qu'elle pense qu'il est possible que G W Bush soit derrière les attentats du 11 Septembre 2001.

    Oui, un homme admirable, et un musulman pratiquant et sincèrement engagé contre l'islamisme. Il n' a d'ailleurs pas que les islamistes comme ennemis, mais aussi des gauchistes et de prétendus "intellectuels", parmi lesquels Jean Baptiste Rivoire ou Vincent Geisser, qui l'accusent, sans le moindre commencement de preuves, d'être un agent des services secrets algériens !

    http://www.algeria-watch.org/farticle/nezzar_souaidia/sifaoui_agent.htm

    A noter un lapsus révélateur lors de l'émission : un haut responsable de la mosquée de Paris, très en colère contre Mohamed Sifaoui, déclare devant la caméra : "il ne m'intéresse pas, il fait partie de ces arabes qui renient leur religion".... puis sur une observation du reporter il corrige peu après : "de ces musulmans qui renient leur religion"... mais il est évident que dans l'esprit de ces gens là, la religion des "vrais arabes" ne peut être que l'Islam !

    Autre point intéressant, concernant cette fois l'état d'esprit "politiquement correct" des journalistes français ayant réalisé l'émission : ils parlent de la "tendance à la provocation" de Sifaoui lorsque celui ci parle de sa propre cohérence ("j'apprécie la démocratie et le mode de vie occidental, donc je suis cohérent avec moi même en venant vivre en Europe") et demande aux islamistes qui sont de plus en plus nombreux à venir s'implanter en Occident la même cohérence: "vous voulez que votre fille porte le voile ? eh bien allez donc vivre en Arabie saoudite ou en Iran, là bas elles n'auront aucun problème, au contraire c'est au cas où elles ne porteront pas le voile qu'elles seront battues" .... je ne vois là aucune provocation, mais du simple bon sens !

    Je voudrais cependant expliquer pourquoi je ne peux être d'accord avec lui sur le fond, ce qui ne diminue en rien l'admiration que je lui porte, et mon opinion selon laquelle il doit être soutenu par tous les ennemis du fascisme et de l'obscurantisme religieux.

    En fait ce n'est d'ailleurs peut être pas vraiment un désaccord : il affirme être un musulman pieux, "restant fidèle à sa religion" (comme Descartes disait être toujours resté fidèle à la "religion de sa nourrice") ET un démocrate. Jusqu'ici aucun problème ! il a parfaitement le droit de pratiquer la religion qu'il veut, à condition de ne pas faire de prosélytisme et de laisser toute autre personne libre de ses choix religieux (ou non religieux). Or il est clair qu'il respecte ces conditions.

    Par contre, et il ne s'agit donc pas forcément d'un désaccord, mais d'une clarification, il y aurait problème si lui ou d'autres personnes allaient au delà jusqu'à inventer un prétendu "Islam des lumières" qui serait compatible, voire l'inventeur, de la démocratie, de la rationalité scientifique et des "valeurs positives" de la modernité occidentale.

    Or, et c'est une thèse centrale de "Mathesis universalis", la démocratie et la rationalité (scientifique et philosophique) sont  grecques, et seulement grecques.  Elles n'ont rien à voir avec la deuxième racine de l'Occident, à savoir ce que j'ai appelé la racine abrahamique (judeo-islamo-chrétienne). Attention : il n'y a rien d'ethnique dans ce que j'appelle ici "grec" et "abrahamique", et c'est un danger très réel de l'interpréter de manière ethnique, comme l'ont fait de nombreux penseurs, notamment nazis, opposant un élément "sémitique" à un élément "aryen", ou disaaon "indo-européen" en termes plus policés. Ce n'est pas le cas ici : "grec" fait simplement allusion à la naissance de la philosophie en Grèce antique, dans l'oeuvre des philosophes et physiciens "ioniens" qui d'ailleurs étaient quasiment tous asiatiques et non grecs !

    Quant à "abrahamique", ce terme fait référence à l'élément de pensée métaphysique présent dans le judaïsme, le christianisme et l'Islam. Ce sont d'ailleurs surtout ces deux derniers que j'ai attaqués de manière virulente, au titre de "faux universalismes", par rapport à ce que j'estime être le véritable universalisme, de nature intellectuelle, que j'appelle "mathesis universalis" et qui serait simplement la philosophie (débarrassée de ses éléments islamiques et chrétiens, c'est à dire dans ma terminologie "démystifiée")  rejoignant son rejeton la science , ou plutôt ce que l'on doit appeler les sciences, pour les réunifier en une science unitaire : "mathesis universalis". Voir par exemple ce que j'ai écrit là dessus dans cet articles (et les trosi articles suivants) sur mon ancien blog :

    http://mathesis.over-blog.com/article-6785107.html

    Encore une fois, on ne doit pas interpréter ce que je dis en termes ethniques, ou à propos des individus : je suis parfaitement conscient que beaucoup de juifs, de chrétiens et de musulmans, la plupart même,  sont à titre individuel des personnes parfaitement respectables et estimables. Je m'attaque à des idées, des pensées et des idéologies, non à des personnes. Et cela dépasse d'ailleurs et de loin la pure et simple pratique religieuse. Nous tous qui sommes nés et vivons en Europe, et que nous soyions juifs, chrétiens ou athées, nous sommes influencés par le christianisme au plus profond de nous mêmes, et je ne suis pas certain qu'il soit possible de nous en désintoxiquer totalement; c'est pourtant l'objectif que je fixe à la philosophie sous forme de mathesis.

    Je suis entièrement d'accord avec  Mohamed Sifaoui quand il affirme que l'idéologie islamiste, sous sa forme de violence et de fanatisme, a depuis les débuts coexisté avec l'Islam. Je suis aussi d'accord avec lui quand il dit qu'il est parfaitement possible d'être musulman sans être islamiste (c'est à dire fasciste), et je le soutiens quand il se fixe comme objectif de lutter contre l'islamisme qui est d'après lui de plus en plus influent , dangereux et fanatisé en Europe et en Occident.

    Par contre je désire clarifier les choses sur le thème de l'origine : les fameuses valeurs de démocratie et de raison ne proviennent aucunement de l'abrahamisme; elles sont devenues celles d'une majorité de chrétiens et de juifs pour la seule et unique raison que judaïsme et christianisme ont été influencés (et la réciproque  est vraie aussi) par la rationalité "grecque", philosophique et scientifique, notamment à partir du 17 ème siècle européen, avec Descartes et Spinoza.

    La différence entre la pensée "abrahamique" et la pensée "grecque" (philosophique) peut être caractérisée en fisant appel aux notions de "grue" de et "crochet céleste" employées par Daniel Dennett (dans "Darwin's dangerous idea"):

    -la pensée abrahamique, celle que l'on trouve dans les faux universalismes que sont christianisme et Islam, se caractérise par son dogmatisme, procédant par "crochets célestes" : tout vient d'En Haut (à la manière d'un crochet qui pend dans le cile, on ne sait pas où), le motif dernier des "impératifs divins" échappe à la raison. Selon nous il s'agit là d'une idolâtrie radicale accompagnée d'une incohérence complète, puisque si Dieu est transcendant à l' esprit humain, radicalement inintelligible, comme l'a posé Jean Chrysosotome par exemple, comment se fait il qu'il s'adresse à l'humanité et intervient dans le cours de l'Histoire ?

    -la pensée philosophico-mathematico-grecque procède en sens inverse, selon la figure de la "grue" (l'instrument des chantier de construction), de bas en haut : on part du sol de l'expérience quotidienne pour s'élever peu à peu, selon les opérations d'une pensée qui sont semblables "au vol d'un avion" (comme le dit Whitehead dans "Process and reality") et quitter ce sol pour le "ciel intelligible" de la mathesis... avant de réatterrir sur le sol de l'expérience coutumière, enrichis des découvertes de la science théorique.

    La Raison (mathématicienne) est infinie en ce que, comme l'a démontré rigoureusement le théorème d'incomplétude de Gödel, aucun système d'axiomes ne pourra jamais "contenir" toute la vérité (par voie de dérivation logique à partir des axiomes). Ou encore, comme le dit Badiou : "il n'y aura pasd'épiphanie de la Vérité". C'est aussi la raison pour laquelle Brunschvicg avait une piètre idée des logiciens, opposant à la logique le travail d'inventivité des mathématiciens (il allait cependant trop loin dans ce sens à mon avis). Cela touche aussi à la différence entre pensée synthétique (axiomatique, comme dans le système d'Euclide) et analytique (procédant selon l'ordre de la découverte).

     


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  • C'est la rentrée !

    d'ailleurs c'est Sarkozy et son majordome François FION,  surnommé aussi "Courage Fillons" ,  et les présentateurs vedettes du JT qui le disent, donc c'est forcément vrai ! sur France Info depuis ce matin, il y a une refonte complète des programmes, avec notamment vers 7 h 57 un e rubrique "elles se mêlent de tout" (ç'aurait pu être "elles jacassent de tout") où deux excellentes journalistes font valoir leur droit d'inventaire, par exemple ce matin l'une a appelé le président de la république "Nicolas"..décidément la France sarkozyenne renonce à son "exception culturelle " pour rentrer à cadence accélérée dans la modernité branchée , il était temps !

    L'homme repu du Nord revient de vacances tout bronzé et heureux, prêt à faire sauter le productivimètre et redémarrer l'économie, avec Madame et les chères têtes blondes à l'arrière du 4-4, à moins qu'il ne les ait expédiés à Djerba en prétextant devoir rester parce que "trop de boulot", et n'en ait profité pour aller  tout seul en Thaïlande se faire masser et plus si entente et surtout si "enough cash", dans ce beau "pays des sourires" où les "poignées d'amour" de l'homme de 50 ans ne sont définitivement pas un problème pour les filles, et où donc il n'est nul besoin d'un logiciel de retouche de photos, ni de faire du jogging....

    Par contre en Grèce, qui n'est plus depuis longtemps un pays du Nord, mais qui est le berceau (unique d'après ce blog, en compagnie de la Palestine d'après la plupart) de la civilisation occidentale, les forêts, les villages et les voitures flambent, avec des êtres humains dedans : déjà plus de 60 victimes calcinées, "tous des grecs innocents" comme aurait dit Raymond Barre s'il avait été là bas (mais il est mort au Val de Grâce  le pauvre ! paix à son âme de grand économiste !).

    Les autorités grecques, qui craignent pour les prochaines élections, décrètent l'état d'urgence, il faut dire que 170 départs de feu en même temps c'est un peu louche ! alors on parle de "pyromanes", forcément !

    et tant pis si la majorité de ceux qui mettent le feu ne sont justement pas des pyromanes (au sens de "malades" à soigner de toute urgence) mais des salopards payés pour cela à des fins de spéculation immobilière, ou bien des "rageux" qui veulent se venger de la "société"...

    Bernard Stiegler , dans ses livres qui tous dépeignent notre destin contemporain de télécratie, de "mécréance et discrédit", de nihilisme post industriel, parle de "parasuicides" à propos de ces gens qui prennent l'autoroute à contre sens, ou allument des incendies... et il annonce qu'il y en aura de plus en plus, et qu'aucune police ne pourra les arrêter, sauf à renoncer même à la forme extérieure minimaliste de la "démocratie".

    C'est cela l'état d'urgence, et je crains qu'il ne concerne pas seulement la Grèce !

    en Grande Bretagne, même avec toutes ces caméras tellement enviées par Sarkozy, un  enfant de 11 ans a été tué, pour rien gratuitement, par un jeune juste un peu plus âgé, et ce genre de crimes se multiplie...

    en France par contre c'est définitivement la pédophilie qui tient la cote sur le marché des médias  (M6, France Info, Tf1 , etc...)après l'odieux viol d'un enfant par un pédophile multirécidiviste qui venait juste de sortir de prison... hopital-prison et bracelet électronique  "seconde génération" (avec suivi 24 heures sur 24 pendant 6 ans) sont à l'ordre du jour, pour ces criminels et seulement pour eux.... en Indre et loire la semaine dernière, un autostoppeur de 45 ans a été tué gratuitement par deux jeunes hommes en état d'ivresse (dont l'un était éducateur !), mais cela n'a pas fait grand bruit ! ah s'ils l'avaient violé, cela aurait peut être été différent !

    les bas fond de l'esprit propres à l'Occident chrétien et à ses tristes obsessions pour la perversion sexuelle remontent au jour sous la forme d'un vomi cuculturel médiatique, à base de "soigner enfin sérieusement, ce qui veut dire enfermer", propositions de loi pour la  "castration chimique", ce qui ne pose aucun problème à notre président qui dit tout haut ce que les français pensent tout bas...

    nul besoin de remonter à Nietzsche et à sa dénonciation du crime chrétien contre la vie et la sexualité : des philosophes contemporains comme Patrice Maniglier ou Marcella Yacoub s'interrogent sur la prétendue "révolution sexuelle post 68" et sur le sens qu'il y a à condamner des violeurs plus que des assassins... dans le temps de juste après 68, nous avons eu le beau film de Kubrick, d'après Anthony Burgess, "Orange mécanique", qui prévoyait aussi, 30 ans avant, l'apparition de "traitements des criminels récidivistes" ne faisant nullement appel à l'amélioration morale et spirituelle, mais à la contrainte technoscientifique sur le cerveau.

     Eh bien l'on peut dire que ce diable de Kubrick (et Burgess aussi d'ailleurs) avait bien prévu ce que serait l'évolution (ou plutôt la régression) des mentalités; car enfin que veut dire la mesure prise dans l'urgence médiatique par Sarkozy et son âme damnée Rachida Dati ? annoncer à grands renforts de communiqués de presse et d'interviews "live" que désormais "on va voir ce qu'on va voir", que les "pédophiles dangereux" passeront directement de la case prison à la case "hopital fermé à double tour", cela veut dire qu'en prison on renonce à les "soigner", à les faire évoluer vers une prise en compte des conséquences réelles de leurs passages à l'acte. Aveu d'échec, et "vente de l'âme de la république" aux "produits psychotropes" d'une science dévoyée, c'est à dire, comme le dit si bien Sarkozy sans avoir peur de le dire : "castration chimique".

    mais soyons chrétiens jusqu'au bout alors : imitons Origène, castrons (non pas chimiquement mais réellement) tous les mâles après avoir prélevé de la semence aux fins de renouvellement des générations en laboratoire (ou en oratoire, n'est ce pas Mon Père ?), et ainsi plus de pédophiles, plus de viols, plus de touristes sexuels, tout le monde ne pensera qu' à ce qui est "sain" : le travail, le sport et la Sainte Productivité ! et en plus cela permettra de baisser les effectifs de police et de justice, d'où réduction des déficits publics de la France ? on dit merci qui ?
    Dans le film "Orange mécanique", tout ceci correspond au beau discours du prêtre (il me semble me rappeler que c'est lui, ou bien alors le bibliothécaire) ) lorsque les "ingénieurs médicaux" présentent une démonstration de l'efficacité de leur nouveau produit au ministre et aux autorités policières.
    De même Bernard Stiegler garde un attachement aux grandes religions en tant que recours possible face au nihilisme "mécréant" post-industriel.
    Mais il faut alors lui poser la question : comment se fait il que les grandes religions universalistes n'aient pas pu empêcher cette évolution alors qu'elles avaient toutes les cartes en mains (jusqu'en 1500) ??
    Bien au contraire ! nous tenons ici que ce sont justement les "faux universalismes religieux" qui sont la cause, la racine, du désastre actuel !
    Un autre film, tout récent celui là, présente de manière particulièrement claire le dit "désastre" : le film de Steve Buscemi "Interview", réalisé en hommage à Theo Van Gogh, et le scénario est tiré d'un texte de celui ci.
    A la fin du film (je ne peux ici résumer l'intrigue complexe), le journaliste joué par Steve Buscemi (acteur prodigieux, très souvent présent dans les films des frères Coen) dit à la jeune actrice qui vient de le jouer (mais il ne le sait pas encore, et croit que c'est lui qui l'a jouée : "notre point commun, c'est que nous ne croyons pas aux relations : il doit toujours y avoir un gagnant et un perdant".
    Il dépeint ainsi magistralement la "rationalité d'entendement", la rationalité technicienne et calculatrice qui est celle de l'homme moderne (qu'il soit américain ou européen) qui limite son rôle à assurer le gain sur l'autre.
    Seulement ceux qui "perdent" toujours, ou souvent, ce sont ceux qui commettent à la fin les "parasuicides" dont parle Bernard Stiegler (et qui tournent généralement au vrai suicide d'ailleurs) , ceux qui mettent le feu aux forêts par exemple... et alors c'est tout le monde qui perd. En ma fin mon commencement... ou mon anéantissement.
     
    Tel est l'état d'urgence !


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     http://groups.msn.com/SCIENTIAGENERALISMATHESISUNIVERSALIS

     Il prend la suite, pour cause de simplification, rationalisation (Mort de rire) et unification, de divers blogs et forums, qu'il serait utile, éventuellement,  de parcourir pour mieux évaluer (peut être ?) ce qui sera dit ici ; voir notamment :

     
     
     

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