• L'émission proposée par Arte le 28 août : "Ces musulmans qui disent non à l'islamisme" était intéressante  seulement  grâce au premier film sur l'engagement de Mohamed Sifaoui. Le second film de la soirée, sur "Le Prophète et les femems" était par contre sans aucun intérêt, se bornant à ressasser les vieux clichés conformistes et "islamiquement corrects" sur "Mahomet le grand ami des femmes"...cet homme qui a défloré son épouse Aicha alors qu'elle avait 9 ans et lui 54 ! qui a tué l'un de ses compagnons pour lui voler sa femme, et qui a décrété que la femme adultère devait être tuée !

    Mohamed Sifaoui est un  journaliste algérien, réfugié politique en France depuis quelques années, est à coup sûr un homme admirable de courage et de ténacité. Il paye très cher son engagement contre l'islamisme, puisqu'il doit se déplacer en permanence entouré de deux policiers, et que sa famille doit vivre dans la clandestinité.

    quelques liens à son sujet :

    http://www.prochoix.org/cgi/blog/2004/12/05/36-tentatives-pour-censurer-le-documentaire-denvoye-special-realise-par-mohamed-sifaoui-sur-tariq-ramadan

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Mohamed_Sifaoui

    http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Forum/Livre-SifaouiFreresAssassins.html

    et surtout son blog:

    http://www.mohamed-sifaoui.com/article-6826751.html

    sur lequel on apprend par exemple que Christine Boutin, ministre de Sarkozy, a déclaré publiquement, sans rire et à jeun qu'elle pense qu'il est possible que G W Bush soit derrière les attentats du 11 Septembre 2001.

    Oui, un homme admirable, et un musulman pratiquant et sincèrement engagé contre l'islamisme. Il n' a d'ailleurs pas que les islamistes comme ennemis, mais aussi des gauchistes et de prétendus "intellectuels", parmi lesquels Jean Baptiste Rivoire ou Vincent Geisser, qui l'accusent, sans le moindre commencement de preuves, d'être un agent des services secrets algériens !

    http://www.algeria-watch.org/farticle/nezzar_souaidia/sifaoui_agent.htm

    A noter un lapsus révélateur lors de l'émission : un haut responsable de la mosquée de Paris, très en colère contre Mohamed Sifaoui, déclare devant la caméra : "il ne m'intéresse pas, il fait partie de ces arabes qui renient leur religion".... puis sur une observation du reporter il corrige peu après : "de ces musulmans qui renient leur religion"... mais il est évident que dans l'esprit de ces gens là, la religion des "vrais arabes" ne peut être que l'Islam !

    Autre point intéressant, concernant cette fois l'état d'esprit "politiquement correct" des journalistes français ayant réalisé l'émission : ils parlent de la "tendance à la provocation" de Sifaoui lorsque celui ci parle de sa propre cohérence ("j'apprécie la démocratie et le mode de vie occidental, donc je suis cohérent avec moi même en venant vivre en Europe") et demande aux islamistes qui sont de plus en plus nombreux à venir s'implanter en Occident la même cohérence: "vous voulez que votre fille porte le voile ? eh bien allez donc vivre en Arabie saoudite ou en Iran, là bas elles n'auront aucun problème, au contraire c'est au cas où elles ne porteront pas le voile qu'elles seront battues" .... je ne vois là aucune provocation, mais du simple bon sens !

    Je voudrais cependant expliquer pourquoi je ne peux être d'accord avec lui sur le fond, ce qui ne diminue en rien l'admiration que je lui porte, et mon opinion selon laquelle il doit être soutenu par tous les ennemis du fascisme et de l'obscurantisme religieux.

    En fait ce n'est d'ailleurs peut être pas vraiment un désaccord : il affirme être un musulman pieux, "restant fidèle à sa religion" (comme Descartes disait être toujours resté fidèle à la "religion de sa nourrice") ET un démocrate. Jusqu'ici aucun problème ! il a parfaitement le droit de pratiquer la religion qu'il veut, à condition de ne pas faire de prosélytisme et de laisser toute autre personne libre de ses choix religieux (ou non religieux). Or il est clair qu'il respecte ces conditions.

    Par contre, et il ne s'agit donc pas forcément d'un désaccord, mais d'une clarification, il y aurait problème si lui ou d'autres personnes allaient au delà jusqu'à inventer un prétendu "Islam des lumières" qui serait compatible, voire l'inventeur, de la démocratie, de la rationalité scientifique et des "valeurs positives" de la modernité occidentale.

    Or, et c'est une thèse centrale de "Mathesis universalis", la démocratie et la rationalité (scientifique et philosophique) sont  grecques, et seulement grecques.  Elles n'ont rien à voir avec la deuxième racine de l'Occident, à savoir ce que j'ai appelé la racine abrahamique (judeo-islamo-chrétienne). Attention : il n'y a rien d'ethnique dans ce que j'appelle ici "grec" et "abrahamique", et c'est un danger très réel de l'interpréter de manière ethnique, comme l'ont fait de nombreux penseurs, notamment nazis, opposant un élément "sémitique" à un élément "aryen", ou disaaon "indo-européen" en termes plus policés. Ce n'est pas le cas ici : "grec" fait simplement allusion à la naissance de la philosophie en Grèce antique, dans l'oeuvre des philosophes et physiciens "ioniens" qui d'ailleurs étaient quasiment tous asiatiques et non grecs !

    Quant à "abrahamique", ce terme fait référence à l'élément de pensée métaphysique présent dans le judaïsme, le christianisme et l'Islam. Ce sont d'ailleurs surtout ces deux derniers que j'ai attaqués de manière virulente, au titre de "faux universalismes", par rapport à ce que j'estime être le véritable universalisme, de nature intellectuelle, que j'appelle "mathesis universalis" et qui serait simplement la philosophie (débarrassée de ses éléments islamiques et chrétiens, c'est à dire dans ma terminologie "démystifiée")  rejoignant son rejeton la science , ou plutôt ce que l'on doit appeler les sciences, pour les réunifier en une science unitaire : "mathesis universalis". Voir par exemple ce que j'ai écrit là dessus dans cet articles (et les trosi articles suivants) sur mon ancien blog :

    http://mathesis.over-blog.com/article-6785107.html

    Encore une fois, on ne doit pas interpréter ce que je dis en termes ethniques, ou à propos des individus : je suis parfaitement conscient que beaucoup de juifs, de chrétiens et de musulmans, la plupart même,  sont à titre individuel des personnes parfaitement respectables et estimables. Je m'attaque à des idées, des pensées et des idéologies, non à des personnes. Et cela dépasse d'ailleurs et de loin la pure et simple pratique religieuse. Nous tous qui sommes nés et vivons en Europe, et que nous soyions juifs, chrétiens ou athées, nous sommes influencés par le christianisme au plus profond de nous mêmes, et je ne suis pas certain qu'il soit possible de nous en désintoxiquer totalement; c'est pourtant l'objectif que je fixe à la philosophie sous forme de mathesis.

    Je suis entièrement d'accord avec  Mohamed Sifaoui quand il affirme que l'idéologie islamiste, sous sa forme de violence et de fanatisme, a depuis les débuts coexisté avec l'Islam. Je suis aussi d'accord avec lui quand il dit qu'il est parfaitement possible d'être musulman sans être islamiste (c'est à dire fasciste), et je le soutiens quand il se fixe comme objectif de lutter contre l'islamisme qui est d'après lui de plus en plus influent , dangereux et fanatisé en Europe et en Occident.

    Par contre je désire clarifier les choses sur le thème de l'origine : les fameuses valeurs de démocratie et de raison ne proviennent aucunement de l'abrahamisme; elles sont devenues celles d'une majorité de chrétiens et de juifs pour la seule et unique raison que judaïsme et christianisme ont été influencés (et la réciproque  est vraie aussi) par la rationalité "grecque", philosophique et scientifique, notamment à partir du 17 ème siècle européen, avec Descartes et Spinoza.

    La différence entre la pensée "abrahamique" et la pensée "grecque" (philosophique) peut être caractérisée en fisant appel aux notions de "grue" de et "crochet céleste" employées par Daniel Dennett (dans "Darwin's dangerous idea"):

    -la pensée abrahamique, celle que l'on trouve dans les faux universalismes que sont christianisme et Islam, se caractérise par son dogmatisme, procédant par "crochets célestes" : tout vient d'En Haut (à la manière d'un crochet qui pend dans le cile, on ne sait pas où), le motif dernier des "impératifs divins" échappe à la raison. Selon nous il s'agit là d'une idolâtrie radicale accompagnée d'une incohérence complète, puisque si Dieu est transcendant à l' esprit humain, radicalement inintelligible, comme l'a posé Jean Chrysosotome par exemple, comment se fait il qu'il s'adresse à l'humanité et intervient dans le cours de l'Histoire ?

    -la pensée philosophico-mathematico-grecque procède en sens inverse, selon la figure de la "grue" (l'instrument des chantier de construction), de bas en haut : on part du sol de l'expérience quotidienne pour s'élever peu à peu, selon les opérations d'une pensée qui sont semblables "au vol d'un avion" (comme le dit Whitehead dans "Process and reality") et quitter ce sol pour le "ciel intelligible" de la mathesis... avant de réatterrir sur le sol de l'expérience coutumière, enrichis des découvertes de la science théorique.

    La Raison (mathématicienne) est infinie en ce que, comme l'a démontré rigoureusement le théorème d'incomplétude de Gödel, aucun système d'axiomes ne pourra jamais "contenir" toute la vérité (par voie de dérivation logique à partir des axiomes). Ou encore, comme le dit Badiou : "il n'y aura pasd'épiphanie de la Vérité". C'est aussi la raison pour laquelle Brunschvicg avait une piètre idée des logiciens, opposant à la logique le travail d'inventivité des mathématiciens (il allait cependant trop loin dans ce sens à mon avis). Cela touche aussi à la différence entre pensée synthétique (axiomatique, comme dans le système d'Euclide) et analytique (procédant selon l'ordre de la découverte).

     


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  • C'est la rentrée !

    d'ailleurs c'est Sarkozy et son majordome François FION,  surnommé aussi "Courage Fillons" ,  et les présentateurs vedettes du JT qui le disent, donc c'est forcément vrai ! sur France Info depuis ce matin, il y a une refonte complète des programmes, avec notamment vers 7 h 57 un e rubrique "elles se mêlent de tout" (ç'aurait pu être "elles jacassent de tout") où deux excellentes journalistes font valoir leur droit d'inventaire, par exemple ce matin l'une a appelé le président de la république "Nicolas"..décidément la France sarkozyenne renonce à son "exception culturelle " pour rentrer à cadence accélérée dans la modernité branchée , il était temps !

    L'homme repu du Nord revient de vacances tout bronzé et heureux, prêt à faire sauter le productivimètre et redémarrer l'économie, avec Madame et les chères têtes blondes à l'arrière du 4-4, à moins qu'il ne les ait expédiés à Djerba en prétextant devoir rester parce que "trop de boulot", et n'en ait profité pour aller  tout seul en Thaïlande se faire masser et plus si entente et surtout si "enough cash", dans ce beau "pays des sourires" où les "poignées d'amour" de l'homme de 50 ans ne sont définitivement pas un problème pour les filles, et où donc il n'est nul besoin d'un logiciel de retouche de photos, ni de faire du jogging....

    Par contre en Grèce, qui n'est plus depuis longtemps un pays du Nord, mais qui est le berceau (unique d'après ce blog, en compagnie de la Palestine d'après la plupart) de la civilisation occidentale, les forêts, les villages et les voitures flambent, avec des êtres humains dedans : déjà plus de 60 victimes calcinées, "tous des grecs innocents" comme aurait dit Raymond Barre s'il avait été là bas (mais il est mort au Val de Grâce  le pauvre ! paix à son âme de grand économiste !).

    Les autorités grecques, qui craignent pour les prochaines élections, décrètent l'état d'urgence, il faut dire que 170 départs de feu en même temps c'est un peu louche ! alors on parle de "pyromanes", forcément !

    et tant pis si la majorité de ceux qui mettent le feu ne sont justement pas des pyromanes (au sens de "malades" à soigner de toute urgence) mais des salopards payés pour cela à des fins de spéculation immobilière, ou bien des "rageux" qui veulent se venger de la "société"...

    Bernard Stiegler , dans ses livres qui tous dépeignent notre destin contemporain de télécratie, de "mécréance et discrédit", de nihilisme post industriel, parle de "parasuicides" à propos de ces gens qui prennent l'autoroute à contre sens, ou allument des incendies... et il annonce qu'il y en aura de plus en plus, et qu'aucune police ne pourra les arrêter, sauf à renoncer même à la forme extérieure minimaliste de la "démocratie".

    C'est cela l'état d'urgence, et je crains qu'il ne concerne pas seulement la Grèce !

    en Grande Bretagne, même avec toutes ces caméras tellement enviées par Sarkozy, un  enfant de 11 ans a été tué, pour rien gratuitement, par un jeune juste un peu plus âgé, et ce genre de crimes se multiplie...

    en France par contre c'est définitivement la pédophilie qui tient la cote sur le marché des médias  (M6, France Info, Tf1 , etc...)après l'odieux viol d'un enfant par un pédophile multirécidiviste qui venait juste de sortir de prison... hopital-prison et bracelet électronique  "seconde génération" (avec suivi 24 heures sur 24 pendant 6 ans) sont à l'ordre du jour, pour ces criminels et seulement pour eux.... en Indre et loire la semaine dernière, un autostoppeur de 45 ans a été tué gratuitement par deux jeunes hommes en état d'ivresse (dont l'un était éducateur !), mais cela n'a pas fait grand bruit ! ah s'ils l'avaient violé, cela aurait peut être été différent !

    les bas fond de l'esprit propres à l'Occident chrétien et à ses tristes obsessions pour la perversion sexuelle remontent au jour sous la forme d'un vomi cuculturel médiatique, à base de "soigner enfin sérieusement, ce qui veut dire enfermer", propositions de loi pour la  "castration chimique", ce qui ne pose aucun problème à notre président qui dit tout haut ce que les français pensent tout bas...

    nul besoin de remonter à Nietzsche et à sa dénonciation du crime chrétien contre la vie et la sexualité : des philosophes contemporains comme Patrice Maniglier ou Marcella Yacoub s'interrogent sur la prétendue "révolution sexuelle post 68" et sur le sens qu'il y a à condamner des violeurs plus que des assassins... dans le temps de juste après 68, nous avons eu le beau film de Kubrick, d'après Anthony Burgess, "Orange mécanique", qui prévoyait aussi, 30 ans avant, l'apparition de "traitements des criminels récidivistes" ne faisant nullement appel à l'amélioration morale et spirituelle, mais à la contrainte technoscientifique sur le cerveau.

     Eh bien l'on peut dire que ce diable de Kubrick (et Burgess aussi d'ailleurs) avait bien prévu ce que serait l'évolution (ou plutôt la régression) des mentalités; car enfin que veut dire la mesure prise dans l'urgence médiatique par Sarkozy et son âme damnée Rachida Dati ? annoncer à grands renforts de communiqués de presse et d'interviews "live" que désormais "on va voir ce qu'on va voir", que les "pédophiles dangereux" passeront directement de la case prison à la case "hopital fermé à double tour", cela veut dire qu'en prison on renonce à les "soigner", à les faire évoluer vers une prise en compte des conséquences réelles de leurs passages à l'acte. Aveu d'échec, et "vente de l'âme de la république" aux "produits psychotropes" d'une science dévoyée, c'est à dire, comme le dit si bien Sarkozy sans avoir peur de le dire : "castration chimique".

    mais soyons chrétiens jusqu'au bout alors : imitons Origène, castrons (non pas chimiquement mais réellement) tous les mâles après avoir prélevé de la semence aux fins de renouvellement des générations en laboratoire (ou en oratoire, n'est ce pas Mon Père ?), et ainsi plus de pédophiles, plus de viols, plus de touristes sexuels, tout le monde ne pensera qu' à ce qui est "sain" : le travail, le sport et la Sainte Productivité ! et en plus cela permettra de baisser les effectifs de police et de justice, d'où réduction des déficits publics de la France ? on dit merci qui ?
    Dans le film "Orange mécanique", tout ceci correspond au beau discours du prêtre (il me semble me rappeler que c'est lui, ou bien alors le bibliothécaire) ) lorsque les "ingénieurs médicaux" présentent une démonstration de l'efficacité de leur nouveau produit au ministre et aux autorités policières.
    De même Bernard Stiegler garde un attachement aux grandes religions en tant que recours possible face au nihilisme "mécréant" post-industriel.
    Mais il faut alors lui poser la question : comment se fait il que les grandes religions universalistes n'aient pas pu empêcher cette évolution alors qu'elles avaient toutes les cartes en mains (jusqu'en 1500) ??
    Bien au contraire ! nous tenons ici que ce sont justement les "faux universalismes religieux" qui sont la cause, la racine, du désastre actuel !
    Un autre film, tout récent celui là, présente de manière particulièrement claire le dit "désastre" : le film de Steve Buscemi "Interview", réalisé en hommage à Theo Van Gogh, et le scénario est tiré d'un texte de celui ci.
    A la fin du film (je ne peux ici résumer l'intrigue complexe), le journaliste joué par Steve Buscemi (acteur prodigieux, très souvent présent dans les films des frères Coen) dit à la jeune actrice qui vient de le jouer (mais il ne le sait pas encore, et croit que c'est lui qui l'a jouée : "notre point commun, c'est que nous ne croyons pas aux relations : il doit toujours y avoir un gagnant et un perdant".
    Il dépeint ainsi magistralement la "rationalité d'entendement", la rationalité technicienne et calculatrice qui est celle de l'homme moderne (qu'il soit américain ou européen) qui limite son rôle à assurer le gain sur l'autre.
    Seulement ceux qui "perdent" toujours, ou souvent, ce sont ceux qui commettent à la fin les "parasuicides" dont parle Bernard Stiegler (et qui tournent généralement au vrai suicide d'ailleurs) , ceux qui mettent le feu aux forêts par exemple... et alors c'est tout le monde qui perd. En ma fin mon commencement... ou mon anéantissement.
     
    Tel est l'état d'urgence !


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  • Ce blog est associé au forum :

     http://groups.msn.com/SCIENTIAGENERALISMATHESISUNIVERSALIS

     Il prend la suite, pour cause de simplification, rationalisation (Mort de rire) et unification, de divers blogs et forums, qu'il serait utile, éventuellement,  de parcourir pour mieux évaluer (peut être ?) ce qui sera dit ici ; voir notamment :

     
     
     

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  • Dans son livre "De Paracelse à Thomas Mann", Pierre Deghaye fait une analyse intéressante du roman philosophico-initiatique de Hesse : "Le jeu des perles de verre" (qui doit être rapproché de deux autres oeuvres majeures de l'initiation occidentale : Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister et surtout la Montagne magique de Thomas Mann).

    Deghaye lie explicitement le "jeu" à la "characteristica generalis- mathesis universalis-calculus ratiocinator" de Leibniz, et il a quelques raisons de le faire, puisque dans l'introduction au roman, censée être datée de 2400, le "magister ludi" établit explicitement la connection avec Leibniz, comme d'ailleurs avec bien d'autres domaines de la pensée, occidentaux ou orientaux (le Yi King notamment). On connait l'obsession de Hesse pour l'Orient...

    En tapant sur un moteur de recherches les mots "Hesse perles verre Leibniz mathesis characteristica " ou d'autres parmi ceux qui viennent d'être cités, on trouvera pas mal d'articles là dessus, dont certains assez intéressants comme par exemple :

    http://www.castalie.fr/article-92111.html

    Le thème du jeu y est relié à d'autres thèmes ésotériques bien connus, comme celui de la bibliothèque de Babel chez Borgès... on peut aussi penser à l'arbre du savoir et à la clavis universalis chez Lulle ;arbre des sciences qui est aussi mis en avant par Descartes, héritier , tout comme Leibniz d'ailleurs, et bien plus que l' on ne le sait généralement, à la fois de la philosophie scolastique et des penseurs ésotériques divers. On sait d'ailleurs que certaines influences "secrètes" des "Rose Croix" ont été conjecturées à la fois pour Descartes et Leibniz... mais bien entendu, pour un "brunschvicgien" de pure obédience et observance comme votre serviteur, tout ceci est assez "fumeux" : Descartes est ce héros de la pensée virile qui certes connaissait sur le bout du doigt la philosophie de l'Ecole (à savoir la scolastique) mais la dépasse en donnant le coup d'envoi (qui prend la forme d'un coup de tonnerre, présent des les "trois songes" de la nuit du 10 novembre 1618 racontés dans les Olympica) de la pensée occidentale moderne, soit de la Raison à la fois philosophique et scientifique qui est appelée par Descartes lui même "mathesis universalis" dans les Regulae ad directionem ingenii...ceci avant la désastreuse (quoique peut être inévitable ?) séparation (éclatement !!) de la philosophie et des sciences intervenue dès le 18 ème siècle.

    René Guénon quant à lui place Leinbiz bien plus haut que Descartes, pour deux raisons : ce serait le seul qui aurait étudié la scolastique, et le seul aussi à avoir bénéficié d'une "dernière" influence de la Tradition. Mais Guénon se trompe, ou plutôt ment : il est prouvé que Descartes connaissait très bien la philosophie scolastique, et quant aux "influences" traditionnelles,  il s'agit le plus souvent de rêveries fumeuses (voire fumistes ), ou en tout cas de thèmes sous lesquels ont peut mélanger tout et n'importe quoi. Or ici, sous la direction de Brunschvicg, nous ne nous attachons qu'à ce qui peut être vérifié et contrôlé par les "normes de vérité" de plus en plus précises issues des travaux de Descartes et Spinoza.

    L'article que nous citons supra semble avoir une vision péjorative de la mathesis : " Pourtant, ils estiment que la mathesis universalis et ses projets bibliothéconomiques et encyclopédiques se referment sur l'univers étouffant de Castalie, dans un leibnizianisme en déréliction.  "  ce qui renvoit (à travers le terme ignoble de "bibliothéconomie")  à cet autre :

    http://bbf.enssib.fr/sdx/BBF/frontoffice/2001/01/document.xsp?id=bbf-2001-01-0038-002/2001/01/fam-dossier/dossier&statutMaitre=non&statutFils=non

    Mais bien entendu le thème (ou le rêve ??) de la mathesis universalis qui est poursuivi ici n'a rien à voir avec cela...

    on lira aussi les articles :

    http://www.idt.mdh.se/~gdc/work/PI-NewRenaissance-20050814.pdf

    http://en.wikipedia.org/wiki/The_Glass_Bead_Game

    http://www.jstor.org/view/00211753/ap010295/01a00050/0

    http://www.spiritus-temporis.com/the-glass-bead-game/hesse's-glass-bead-game.html

    http://content.cdlib.org/xtf/view?docId=ft6d5nb455&chunk.id=0&doc.view=print

    ainsi que bien d'autres obtenus aussi facilement (en tapant "Hesse Leibniz mathesis universalis").

    Dans ses analyses, Pierre Deghaye oppose l'optimisme leibnizien (sur lequel il y aurait beuacoup à dire, car chez un géant de la pensée comem celui ci, on ne saurait écarter d'emblée la possibilité de pensées de "derrière la tête", pour ne pas dire ésotétiques ou occultes) au pessimisme de Hesse. La naissance du "jeu" (qui est rappelons le un thème de science fiction, censé se rattacher à des évènements survenus au 21 ème siècle) s'explique par le déclin de la "culture", des arts et de la poésie, voire par leur mort , ce qui aurait provoqué la "prise de relais" par des mathématiciens et des musiciens, mais dans une optique tout autre que scientifique (aussi n'y a t'il pas de physiciens).

    Ceci fait furieusement penser aux travaux du séminaire de Nicolas et de l'Ircam, et aux travaux de Mazzola dans "The topos of music", voir par exemple :

    http://www.entretemps.asso.fr/Nicolas/Textes/Mazzola.htm

    par contre la philosophie est assez absente des réflexions de Hesse : l'éclatement de la mathesis universalis (dernier stade assignable à la maison commune philosophie-science) au 18 ème semble jugé irrécupérable.

    Ici, nous développons une approche différente, ni "optimiste" à la façon leibnizienne, ni "logique" à la façon du "calculus ratiocinator". C'est plutôt le pessimisme rationnel de Brunschvicg qui nous inspire. Pessimisme vital : du côté de la vie, du "bonheur sensible", il n'y a rien à espérer, que la décrépitude et la mort. Par contre du côté de ce qui est la véritable "spiritualité, c'est à dire non pas la mystique et le rite religieux (propre à l'homo faber, ou à l'homme vital qui refuse de mourir tout à fait) mais l'intellect propre à la philosophie (la vraie) et à la science, alors c'est l'optimise qui prévaut, ou plutôt la conviction que la Vérité, et la Raison qui est recherche de la Vérité, se meut dans la dimension de l'Absolu. Loin des rêves et imaginations imbéciles d'immortalité psychique ou physique et de perpétuité, la véritable "éternité" est celle de la Pensée : ce qui n'est rien d'autre que la "bonne nouvelle" spinoziste et brunschvicgienne...

    Mais concevoir la mathesis universalis comme un "jeu" ne nous semble aucunement scandaleux, si nous faisons le rapprochement avec la fameuse pensée d'Héraclite (citée par Nietzsche) sur "Dieu comme un enfant qui joue"...voir aussi "L'Esprit qui construit et déconstruit" chez Abellio et la "Fosse de Babel".... en fait il se pourrait bien que la "science -philosophie UNE" dont nous rêvons soit bien plus un jeu (mais un jeu sérieux) qu'une pesante édification conceptuelle ennuyeuse...en tout cas espérons le.

    Nous avons aussi souvent rappelé que l'optique des travaux effectués ici est "religieuse" : il s'agit, là encore sous l'inspiration de Brunschvicg, de fonder la "religion véritable", qui est celle de la communiczation avec "Dieu" d'esprit à esprit et non de personne à personne. Si Dieu doit être le Dieu "en esprit et en vérité", alors il doti d'abord être le dieu dépouillé, pauvre, qui est l'Esprit et la Vérité...qui ne se trouve sous sa forme universelle (c'est à dire commune à tous les hommes) que dans l'approche mathématico-scientifique. Nous avons même été jusqu'à identifier "Dieu" et la "Raison", ce qui nous a suffisamment été reproché.

    Renan, quant à lui, parle du "Dieu qui n'est pas mais qui sera", et qui doit être identifé à la "Science totalement réalisée"...il est d'ailleurs critiqué par Brunschvicg, pour des motifs assez clairs : "Dieu", dans son acception la plus pure et la plus vraie, ne saurait être relié à aucun élément ressortant du temps et de l'espace, ne saurait ainsi privilégier ou "préférer" aucun homme ou peuple situé dans l'espace-temps (ce qui disqualifie aussi les religions, toutes les religions, et en particulier les religions "abrahamiques"), et ne saurait donc "exister au futur" (pas plus qu'au présent ou au passé)...

    aujourd'hui nous nous contenterons de mettre par écrit ces quelques pistes de réflexions... jeu, religion, science, philosophie : nous ne voulons laisser aucun de ces "quatre" en jachère....


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  • http://arxiv.org/PS_cache/math/pdf/0608/0608770v2.pdf

    Philosophiquement parlant on a ici la réalisation (plus de 70 ans plus tard) d'un mouvement de l'intelligence que Brunschvicg signalait (pour s'en féliciter) dans le "Progrès de la conscience":

    "un trait fondamental commun aux deux théories de la relativité c'est qu'elles sont indivisiblement physiques et mathématiques, sans qu'on puisse indiquer à partir de quel point la raison et l'expérience auraient commencé de collaborer ni à quel moment leur collaboration pourrait cesser. La géométrie est physique autant que la physique est géométrie. Autrement dit le caractère de la science einsteinienne est de ne pas comporter une phase de représentation imaginative qui précèderait la phase proprement mathématique...il n'y a pas de contenant défini en dehors du contenu : l'espace et le temps doivent être gagnés à la sueur de notre front. La continuité du labeur humain les tisse inséparablement l'un de l'autre"

    et plus loin :

    "le projet cartésien de mathématique universelle (= "mathesis universalis") signifiait déjà ce que Pythagore et Platon semblent avoir pressenti , que l'intelligence des choses commence et finit avec leur mesure; mais l'interprétation exacte du primat de la mesure, et par suite de la vérité même du savoir scientifique, demeuraient voilées tant que l'opération de mesure se dissociait en deux moments supposés séparés : d'une part la forme du raisonnement mathématique, idéalité abstraite du mesurant, et d'autre part la matière de l'expérience physique , réalité concrète du mesuré.

    En fait Descartes avait échoué dans le passage du premier moment au second.... mais Newton n'était pas moins en échec; car après avoir lié la mécanique rationnelle à l'absolu divin de l'espace et du temps, il se reconnaissait impuissant à établir de façon positive la cause de la gravitation....

    c'est par l'élaboration d'un type différent d'architecture que les théories de la relativité ont remédié aux défauts symétriques et contraires de l'édifice cartésien et du newtonien..par là peut on dire la théorie de la relativité confère à la physique mathématique l'unité du style classique"

    Ceci rejoint l'analyse philosophique préliminaire du papier référencé en début d'article, qui met en opposition Descartes et Newton par rapport à la conception galiléenne de l'espace comme relatif aux "corps massifs".

    Mathématiquement, et grâce à la théorie des catégories (que Brunschvicg ne pouvait pas connaitre puisqu'elle est apparue en 1945), et spécifiquement à celle des groupoïdes, une notion plus primitive que celle d'espace temps est formée : le groupoïde des corps massifs ayant comme morphismes les vitesses relatives entre ces corps.

    il s'agit d'un "pair groupoid" dans le langage technique du papier, c'est à dire d'une groupoîde où tous les objets sont nuls (à la fois initiaux et terminaux).

    Le processus que Brunschvicg applaudissait, consistant à s'affranchir de tout germe d'imagination réaliste d'espace et de temps, est donc ici poussé un cran plus loin.... les esprits chagrins parleront eux d'abstraction inutile....laissons les se lamenter !


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